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20 novembre 2007 2 20 /11 /novembre /2007 00:00

Rachida connaissait bien son mari et savait qu’il ne continuerait pas dans la voie qu’il avait empruntée. Il n’est pas de ces gens qui se débrouillent pour travailler moins, presque pas, et vivre mieux ; ni de ceux qui pour le plaisir de s’amuser sont capables d’écraser d’autres hommes ou femmes, sans que ne reste agrippé à leur consciences un brin de remords. Elle n’avait pas tort.
Son mari comprit peu après que ce qu’il avait entrepris ne s’accommodait pas avec sa nature. Il commença alors à s’écarter peu à peu de ses compagnons qui lui promettaient fortune et richesse. Les utilisés pour réaliser leurs promesses l’écoeurait, le dégoutait. Il ne pouvait supporter, comme il l’avait juré à sa femme, l’odeur de l’illicite. Il bouchait son nez mais l’odeur persistait, l’envahissait, le pénétrait de tous les cotés, à travers d’autres sens qui s’acheminent directement vers sa conscience ; à travers chaque cellule de sa peau. Elle se mêlait à sa nourriture, à son sommeil, à ses rêves…elle l’agaçait comme le soupir désespéré de quelqu’un injustement dépossédé de ses biens…
Il comprit qu’il n’était apte à s’introduire dans ce genre d’affaires, comme n’est pas conçu un chat pour nager. C’est pourquoi il voulait tout rompre et sortir du guêpier où il s’était fourré. Mais il choisit mal le moment de se détacher du groupe. Cela coïncida avec l’arrestation par la police d’un élément de la bande. Tous les autres accusèrent le nouveau de trahison ; et de peur de les dénoncer, eux aussi, ils l’obligèrent de rester parmi eux jusqu'à ce que l’affaire soit classée. C’était une chance pour lui de prouver son innocence. Une chance qu’il repoussa fermement et les quitta subitement en leur jurant qu’il n’avait pas donné leur camarade ; qu’il ne divulguerait rien sur leurs activités.  Mais personne d’eux ne le crut.
Il le sut un matin qui suivit les quelques paisibles journées passées loin des malfaiteurs. Il se rendait ce jour-là chez son ancien employeur pour demander son réintégration. Travailler honnêtement et avoir la conscience tranquille, lui sembla mieux que de s’adonner à des activités hasardeuses et risquées.
Il s’engageait dans une rue déserte quand il vit deux individus le suivre. Il ne tarda pas à les reconnaitre. Il devina même ce qu’ils cachaient sous leurs tristes manteaux. Un frisson le traversa quand il se remémora l’image de ces mêmes individus battre à coups de barre de fer un ancien camarade. « C’est mon tour maintenant, pensa-t-il amèrement. Ils ne m’ont pas cru malgré que je leur ai juré que ce n’était moi qui avais dénoncé l’autre…Ils ne me croiront pas, ils ne me laisseront pas le temps de leur expliquer…les convaincre ».    
Il tourna à droite ; ils tournèrent à droite. Il hâta le pas ; ils hâtèrent le pas. Il se trouva devant la porte d’un bain maure, il y entra sans hésiter. Il croyait qu’il aurait le temps de réfléchir à l’intérieur du Hammam.
Dans la salle où s’étendaient paresseusement les clients qui avaient déjà pris leur bain, tout était paisible. N’étaient à peine perceptible que les gémissements qui s’échappaient des corps qui avaient fait peau neuve dans la chambre chaude, et qui se retournaient dans leurs lits à la recherche d’une position idéale. Ceux qui s’étaient déjà reposés s’habillaient en se regardant dans des miroirs sans forme régulière, collés ça et là sur les murs. Le garçon, à moitié nu, allait et venait d’un pas léger et d’une allure monotone. Il n’existait presque pas.
Le mari de Rachida se dirigea vers le coin le plus caché de la salle pour se déshabiller. Il s’arrangea pour mettre entre lui et le propriétaire qui somnolait derrière sa caisse, l’une des poutres qui soulevaient le plafond et ornaient l’intérieur. Il se déshabilla, jeta un coup d’œil autour de lui. Personne ne le regardait ; il profita de ce moment d’inattention pour décrocher les vêtements d’un autre client et les enfiler rapidement.
Personne ne remarqua que le faux client qui s’apprêtait à sortir venait à peine d’entrer, qu’il n’avait pas pris comme tout le monde son bain, et que le bleu de travail qu’il portait n’était pas sien.
Il croyait que ses anciens compagnons n’allaient pas le reconnaitre, qu’ils n’avaient peut –être pas pris la peine de l’attendre. Il se trompait. Et parfois on n’a pas le droit de se tromper. Hélas ! C’était bien le cas.
Tel un chien de garde, la mort le guettait à la sortie. Les deux hommes qui l’avaient suivi, ne tenaient pas la bride haute à la bête qui, férocement, se rua sur sa victime et la matraqua à plusieurs reprises de ses lourdes pattes d’acier…
Les deux agresseurs s’enfuirent ensuite à grands pas, ignorant les cris des gens. Ignorant l’existence d’une justice naturelle qui ne laisse jamais un crime impuni.
Ainsi, ils ne purent échapper au châtiment. Ils furent vite retrouvés et condamnés à de lourdes peines. Cette condamnation ne compensait certes pas la vie de leur victime mais réconforta cependant son épouse et éteignit en elle la soif de la vengeance.
Rachida repassait dans son esprit l’histoire de la fin de son mari, à chaque fois qu’on effleurait la blessure. Elle y ajoutait des détails et en retranchait. Le récit se modelait d’une évocation à une autre. Tout s’en était amalgamé. La jeune femme ne distinguait plus parfois le réel de l’imaginaire. 
« Et s’il ne veut rien reconnaitre ? ». Rachida se pose encore la question. « Je verrai demain la réaction de Saber. Demain tout sera tranché ». Elle se répand sur son lit, fixe le plafond et attend…demain.
 
A suivre...(Prochainement dans le mariage de Saber)  

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commentaires

ج
waaaaaaaaaw
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R
aalach bachir, ghir fe douar ils font de vrais djanaza? en ville on les enterre comme ça?ou alors tu veux parler de la bouffe et les siniéttes de café? ha ha ha
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R
hey chef du comité qui c'est elu de lui meme!!tu brules!qui t'a dit que j'ai pas de blog?ha ha ha!!et toi tu en as un?si oui avant de me le leguer il faut queje sache se qu(il contient et si il est benefique pour moi!!!!! ha ha ha
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L
Je connais la fin: Badra devient vieille et meurt. Bachir et moi, ne sommes pas encore vieux. Mdr. Vous, Rebelle, vous hériterez de mon blog, puisque vous n'en avez pas alors que vous écrivez très bien.<br /> Bien à vous.
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L
Allah yehamou. Condoléances aux siens.<br />
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