Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
23 novembre 2007 5 23 /11 /novembre /2007 00:00

Sept heures. Saber doit être au bureau à huit heures. Il sait bien que même en arrivant en retard, Badra ne lui reprochera rien. Mais il préfère être ponctuel. Il aime garder les bonnes habitudes.
Il a aujourd’hui la paie des ouvriers à préparer. Il faut que tout se fasse convenablement et dans les délais. Laisser les choses trainer veut dire qu’il profite de la bonté et l’exagérée tolérance de la patronne. Elle a eu une aveugle confiance en lui et l’a chargé de s’occuper de ses affaires ; elle l’avait choisi, il doit donc se garder de la décevoir.
Il sirote la dernière gorgée de café qui restait au fond de la tasse  avant de sortir.
La rue ne le dégoute plus ni l’écœure. Il y a quelques temps il pensait qu’il était différent des autres. Il se sentait quand il se trouvait dans la foule, comme un intrus. Il se voyait tantôt petit être impuissant se faufilant difficilement entre les jambes de monstres, tantôt un ange chaste s’apitoyant sur le sort des mortels.
Finis ! Ces sentiments maintenant. Il ne peut se considérer comme un être impuissant, car il est devenu comme tout le monde. Plus que monstre  même. Il n’a rien d’un ange et n’est qu’un misérable mortel qui excite la pitié.
Il avait perdu le privilège qu’il s’accordait, ce rêve de se vêtir de la peau de tout symbole de pureté ou de chasteté, depuis le jour où son animalité lui échappa et l’entraina irrésistiblement à commettre le péché. Un péché dont les germes avaient sans doute commencé à pousser dés la première visite chez lui de la femme de ménage.
Il faisait déjà nuit quand il entendit qu’on frappait à la porte. Il alla ouvrir sans demander qui était là. Il fut surpris quand il vit le visage de Rachida. La première idée qui lui traversa l’esprit fut qu’un malheur venait de se passer, que quelque chose est arrivée à la patronne. Mais il fut vite rassuré par le sourire où se mêlaient la politesse et la timidité, qu’esquissa la femme de ménage. La bouche de la jeune femme s’était étirée jusqu’à former un innocent croissant de lune qui illumina, ô combien modestement, un visage…un ciel qui venait de se soustraire à une méchante tempête.
Très gêné Saber la pria d’entrer.
-- Non répondit-elle gentiment, il faut que je retourne vite.
Il ne sut qu’enchaîner. Elle le délivra de son embarras :
   --  Madame a besoin des factures que vous avez reçues aujourd’hui.
-- je crois qu’elles sont au bureau mais elle ne peut les retrouver, attends je vais te raccompagner pour les lui remettre.
   Arrivé au bureau qui se situe au rez-de-chaussée de l’habitation, Saber alla directement ouvrir un tiroir, en tira les factures puis se retourna vers Rachida.
-- Les voilà !
-- Tiens ! Madame qui descend.
Saber n’avait jamais auparavant rencontré Badra après le coucher. Même quand ils étaient à l’école elle sortait toujours avant lui en hiver, saison des journées courtes.
Si Saber savait que l’écolière aurait, la nuit, la superbe image qu’il découvrit d’elle aujourd’hui…s’il savait que les ténèbres lui donneraient cet attrait magique et feraient de la petite fille frivole d’autrefois une femme grandiose…s’il savait qu’il viendrait une nuit où chaque pas de sa petite amie vers lui augmenterait d’un cran la douceur de cette béatitude qui emplit son cœur…s’il savait…il aurait attendu toute sa vie ce moment sans se précipiter.
-- Pourquoi vous-êtes vous dérangé, Saber, vous auriez dû indiquer à Rachida l’endroit où se trouvaient les factures.
-- Je n’en étais pas sûr, c’est pourquoi j’ai préféré venir, il faut que je rentre maintenant !
-- Non, il n’est pas question !
-- dois-je t’éclaircir sur le contenu des factures ?
-- Non ! Restez diner avec nous.
-- diner ?
-- Oui, le dîner est prêt.
Il y avait un peu de nuit dans la voix de Badra. Saber y décelait une énigmatique mélancolie. Il détectait en elle une profonde douleur qu’elle étouffait mal. Elle ne lui avait pas parlé de sa personne depuis qu’elle avait reçu sa lettre. Elle avait peut être cru qu’il était fou et que rien ne sert qu’elle lui fasse part de ses tourments. C’est tout était à refaire, il ne commettrait pas la même erreur. Il ne l’inviterait pas à faire des promenades inimaginables à travers un univers sans frontières.
Il était certain cependant qu’elle ne lui redonnerait plus l’occasion de développer ses folles idées et encore moins d’exprimer ses sentiments. Elle n’était plus la femme qui lui avait demandé de redevenir son ami. La lettre qu’elle avait reçue de lui l’avait sans doute déçue. Elle n’était plus la même depuis la mort de son mari. Cette disparition l’aurait allégée de ce qui l’avait incitée à lui écrire la première fois.
Il entrevit dans l’allure de l’ombre qui montait l’escalier devant lui une sorte d’orgueil qui effaça son espoir d’entendre un jour Badra évoquer leur enfance, leur amitié…Et Saber avait grand besoin qu’elle revienne vers lui ; un grand besoin de laisser déferler tout ce qui avait été refoulé en lui. Mais parfois la pluie vient quand la terre désespère et oublie son rêve.
C’était donc la première fois qu’il rencontra Badra après le coucher. Les réverbères des alentours sommeillaient et laissaient s’infiltrer ça et là l’obscurité. Les lampes de la façade de la maison n’étaient pas encore allumées. Les ténèbres qui en résultèrent avaient ôté au corps de Badra ses contours terrestres, effaçant ainsi ses limites et le laissant se répandre jusqu’à conquérir Saber ; envahir les confins les plus reculés de son être. De cette ombre envahissante, la voix de Badra s’arrachait comme du plus profond de la nature humaine. L’écho de chaque mot prononcé se métamorphosait en une enivrante mélodie qui allait doucereusement se laisser absorber par le cœur de Saber. Ivre il souriait…avec la complicité de la nuit.
A suivre….

Partager cet article
Repost0

commentaires

R
merci le vagabond, mais vois tu ça n'est pas mon anniverssaire, j'ai plutot penser que tu me l'as envoyer pour la danse!mais merci ,mon anniverssaire c'est dans 2mois!
Répondre
L
Merci, Bachir, tu nous gâtes. Maries-les. La suite.<br /> Mais, je vous assure, Rebelle, que cette carte d'anniversaire, est la meilleure que j'ai vue depuis que je souhaite des anniversaires. <br /> Le rire est le propre de l'homme. Ne vous est-il pas arrivé de rire juste en en regardant d'autres s'esclaffer. Ne vous soumettez pas riez encore plus fort!!!
Répondre
R
he bien non je danse pas la danse du ventre, ça c'est typiquement egyptiennes! je te l'ai dis je suis moderne, mais j'aime pas trop de gesticules!! donc arrete de speculer sur ce que tu peux imaginer! tu as tout faux!.d'ailleurs tu m'as menacé de me faire danser pas de m'emmene faire un tour a cheval!!(rire),ps: le soumis ne va pas etre content il deteste mon rire, il parait que ça lui donne la nausée! !ha ha ha ha ha! comme ça il vomira encore plus!!!
Répondre
L
Ainsi: http://www.carteflash.com/creer2.php?carte=danseuse.swf&nc=1184547372
Répondre
L
Tango ou valse, non. Trop vieux. Slow et encore!! Mes jambes ne me supporent plus. Je vous imaginais ainsi: Rebelle<br />  Bien à vous.
Répondre