Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
23 novembre 2006 4 23 /11 /novembre /2006 00:03

…Mais non ! Je ne peux pas m’en aller, m’éloigner de toi. Cette nuit, je retrouve ma solitude, cette nuit seulement. Je me suis enivré de silence, mon imagination vagabonde librement, je cours derrière elle comme un enfant pour tenir ses rênes et l’orienter vers toi. C’est d’elle que j’aime que vienne mon ivresse. Regarde autour de toi, là où tu te trouves en ce moment. Personne ne te comprendra. Personne. Personne ne pourra te combler…Car personne ne comprendra le sens que tu donnes au bonheur, à la douceur, au plaisir, à l’amour. Et devant cette incompréhension tu n’as autre choix que celui de te vêtir comme tout le monde, d’entrer dans les rangs, paraître gaie et souriante, paître comme une vache dans une prairie aux herbes sans goût, tout en souffrant de la certitude que ce n’est le véritable sens de la vie.
 
    Excuse-moi si tu n’arrives pas à me suivre dans mes errements, il y a longtemps que je n’ai pas écrit. J’ai peut-être perdu la façon de m’exprimer plus clairement. Je n’écris à personne, même pas à moi-même, mais je ne cesserai pas de t’écrire. Je me contente parfois d’une carte de vœux chaque année. Une façon de te dire que je suis toujours en vie, mais dans une cellule.
 
    Je me suis échappé cette nuit, j’ai trompé tous les gardiens. Personne ne m’accueillera chez lui. Ils vont tous me rejeter, ces gens qui me fuient et qui sont en réalité plus prisonniers que moi. Ils me font pitié, ils en sont inconscients. Heureusement que tu acceptes de me cacher chez  toi. C’est toi qui chaque fois m’envoies une lettre pour m’encourager à préparer une fuite. Tes lettres parfumées de liberté et d’un autre parfum…sèment en moi le vouloir de m’échapper. Mais à chaque fois que j’échoue je suis puni par mes détenteurs. Le châtiment : Ne pas t’écrire. Cette nuit j’ai réussi, tu vas m’abriter. Es-tu capable de leur mentir s’ils viennent me chercher ? J’exige une réponse. Maintenant le café! Bien noir comme la couleur de tes yeux ! Si tes yeux ne sont pas noirs que le café change alors de couleur… Mais pourquoi me regardes-tu de cette façon ? Tu regrettes de m’avoir accueilli ?
Bon je vais être sage, je tenterai de contenir les agaceries de l’enfant. Tu t’en souviens ? Il n’a pas grandi, il mourra enfant. Il m’arrive parfois de lui donner raison…je ne sais pas comment je l’ai bu, ton café. J’étais perdu dans ton charme. Tu ne peux être que charmante. Le charme m’intéresse plus que la beauté. Il provient du comportement positif de l’être et produit un effet apaisant.
   L’aube. Je dois retourner à ma cellule avant qu’ils ne viennent. Je ne veux pas qu’ils connaissent mon refuge. Je ne supporterai pas que je sois privé à l’avenir de la douceur dont j’étais envahi. Je me suis réveillé au milieu de la nuit, je t’ai regardée dormir, tu étais comme un ange; Ton air innocent et ta grâce m’ont comblé. Accompagne-moi jusqu’à la porte. Ta tendre main! Le sourire. Une autre lettre pour permettre de m’enfuir encore une fois. Je me cacherai chez toi, promets-moi que tu vas leur mentir.
Mais non! Je ne peux pas m’en aller ! « Tu dois t’en aller, marche ! » m’interpelle ma raison… 

Partager cet article
Repost0

commentaires