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28 septembre 2007 5 28 /09 /septembre /2007 00:02

   
Toutes les salles d’attente des médecins se ressemblent. Des croquis sur les murs qui me rappellent les séances des sciences naturelles au lycée que je trouvais inutiles, des revues sur la table qui datent de plusieurs mois voire plusieurs années, le va-et-vient incessant de l’infirmière au visage endurci par les réclamations des patients impatients et les engueulements du médecin. Et puis, il y a l’attente elle-même. C’est dans cette situation que je me suis retrouvé aujourd’hui.
    Je scrute l’alentour, me heurte aux croquis, la maladie est partout, j’avoue que la crainte d’être atteint par quelque maladie inguérissable grandit à mesure que je fixe les murs. C’est pourquoi d’ailleurs je préfère baisser la tête, prendre une revue et revenir en arrière, me replonger dans le passé qui contient au moins plus de certitude. L’attente dure, je me mets à la fenêtre qui donne sur une rue grouillante de gens. J’y distingue une mendiante. La moitié basse de son visage est couvert d’un morceau d’étoffe noir, ce qui donne plus d’expression à son regard. Et de son tas de vêtements disparates émerge son bras squelettique au bout duquel s’ouvre une main qu’elle mouvemente pour attirer l’attention des passants. Et voilà une occupation pour moi ! Il y en a ceux qui passent indifféremment, un masque de fer sur le visage, comme si la mendiante n’existait pas. Il y en a ceux qui s’arrêtent, se fouillent et déposent une pièce de monnaie dans sa main. En dix minutes trois femmes se sont arrêtées…je repousse l’idée de faire une comptabilité. Il y en a ceux qui la fixent avec un air qui me fait entrevoir de ma fenêtre des larmes aux coins de leurs yeux, et je sens que me parviennent la bonté et la pitié qui emplissent leurs cœurs ; démunis, ils lui font de la main un geste d’impuissance puis passent encore amoindris par la force de ce regard qui les suppliait…
    « C’est ton tour ». L’infirmière placide m’arrache brusquement à ma contemplation.

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commentaires

K
Derrière la mendiante se cache sûrement  quelqu'un qui a eu un passé comme tout le monde . Un foyer, un mari  ,des enfants...<br /> Et un beau jour ,plutôt maudit que beau, tout bascula. Comme quoi rien n'est définitivement acquis.<br />  
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M
Bachir!!!Enfin de retour... Tu as manqué ici à moi du moins.L'épisode que tu racontes me rappelle une visite chez un médecin en Algérie en décembre dernier. Sur la table, il y avait un tas impressionnant de journaux. Tu pouvais, tel un géologue retracer l'histoire en étudiant les strates qui composaient le tas. Il y avait même au fond un numéro d'Afrique-Asie qui datait des années 80...
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