11 octobre 2007
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L’aube. Dans peu de temps, il fera jour. Rejoignons nos corps. J’endosse le mien. Tu endosses le tien. Je suis l’ouvrier renvoyé qui grâce à toi reprendra son travail demain. Tu es la femme du patron qui veille sur les intérêts de son mari. Tu vois combien nous sommes loin, l’un de l’autre. Nous savons maintenant que chacun doit quitter sa coquille, son extrême, pour nous rencontrer sur la Place d’Entente. Et je t’aimerai même si nous restons distants quand nous portons nos dépouilles. Je t’aimerai si nous quittons chaque nuit nos corps, et allons tout nus nous promener quelque part. C’est dans cette nudité qu’il est doux de déguster ensemble les délices de l’amour. Et de quel amour ! Celui de deux oiseaux qui ont mené leurs vies dans deux cages séparées, fatalement entamées par la rouille, détruites un jour par un coup brusque du sort. Et voilà nos cages désertées, abandonnées raides et inertes, tristes et portes ouvertes. Elles viennent de perdre leurs derniers soupirs que nous sommes.